« Luca » : Notre Avis !
Après nous avoir fait découvrir le Grand Avant dans « Soul », les Studios Pixar nous emmènent en Italie avec leur 24ème long-métrage d’animation « Luca », qui sent bon le soleil et la mer.
Initialement prévu pour une sortie dans les salles obscures, « Luca » se voit, comme pour son prédécesseur, privé de cette mise en avant prestigieuse, pour finalement se retrouver directement proposé gratuitement sur Disney+.
Alors oui, « Luca » n’est certes pas l’histoire la plus originale créée par Pixar, mais nous aurions tout de même adoré découvrir cette jolie fable sur grand écran, tant elle s’y prête à merveille.
Synopsis :
Dans une très jolie petite ville côtière de la Riviera italienne, un jeune garçon, Luca, vit un été inoubliable, ponctué de délicieux gelato, de savoureuses pasta et de longues balades en scooter. Il partage ses aventures avec son nouveau meilleur ami, mais ce bonheur est menacé par un secret bien gardé : tous deux sont en réalité des monstres marins venus d’un autre monde, situé juste au-dessous de la surface de l’eau…
C’est dans une douce ambiance estivale qu’évoluera le spectateur qui regardera « Luca », immergé au beau milieu de la Riviera italienne, celle-là même où le réalisateur Enrico Casarosa passait ses vacances d’été. Le cinéaste oscarisé pour le court-métrage animé « La Luna », qui signe ici son premier long-métrage, s’est donc inspiré de ses souvenirs de vacances sur la côte ligurienne. Cet amour qu’éprouve Enrico Casarosa envers cette région se ressent clairement dans le soin apporté aux décors et notamment au village de pêcheurs de Portorosso, ainsi qu’aux scénes plus campagnardes, qui retranscrivent à la perfection le charme bucolique de cette partie de l’Italie. Dépaysement garanti !
Ce qui étonne le plus lorsque l’on regarde « Luca », c’est sans doute son identité visuel, très loin de ce que Pixar a l’habitude de proposer. En effet, ce film porte indéniablement la patte du réalisateur, qui se ressent en premier lieu dans le design des personnages, très proche de celui proposé dans le court-métrage « La Luna », puis plus globalement dans l’esthétique du film influencé par l’animation et l’art japonais.
Outre son visuel très différent des précédentes œuvre des studios à la lampe, son scénario pourra en étonné certains, car certes, si il s’avère plutôt très simple au premier abord, il n’en demeure pas moins dénué de thématiques qui feront mouche auprès des spectateurs.
Celle que le public retiendra le plus sera sans nul doute celle de l’amitié, cette amitié qui transforme une existence, thème universel, célébré ici avec tendresse et sincérité. La relation qu’entretiennent Luca et Alberto paraît incroyablement réelle, ceci grâce au talentueux réalisateur qui n’hésite pas à puiser dans ses souvenirs d’enfance, conférant au film une ambiance particulièrement intimiste. Une relation, à laquelle, le spectateur, qu’il soit jeune ou moins jeune s’identifiera car on a tous, un jour, rencontré un(e) ami(e) qui a changé notre vie.
L’autre thématique proposée s’intéresse à la différence et la tolérance. Afin de mettre en images ces thématiques, l’équipe créative a eu l’idée de faire de Luca et Alberto, des monstres marins vivant sous la surface à quelques kilomètres d’un village peuplé d’humains, et qui ont la capacité extraordinaire de se transformé une fois sorti de l’eau. Malgré l’interdiction de ses parents, Luca sous l’influence d’Alberto décide finalement de partir à la découverte de ce monde inconnu. Si on pourrait y apercevoir, dans un premier temps une ressemblance avec « La Petite Sirène », sachez qu’il en est rien, puisque « Luca » prend une toute autre direction en offrant même, pour cette thématique une double lecture. Si pour les plus jeunes, les situations comiques les aideront à comprendre de quoi il en retourne, pour les grands, c’est cette figure métaphorique du monstre marin, représentation du rejet de toute origine (handicap, couleur de peau…) qui illustre cette thématique universelle avec brio, et dans laquelle chacun pourra s’y retrouver.
Si « Luca » nous a conquis, c’est également grâce à sa galerie de personnages très attachants.
Luca Paguro est un jeune monstre des mers de 13 ans, brillant, inventif et curieux. Il se passionne pour le monde mystérieux qui se trouve au-dessus de la mer. Toute sa vie, on lui a répété que l’univers des humains était un endroit dangereux, mais Luca aspire à autre chose que la monotonie de sa petite vie tranquille à la ferme où il élève des poissons-chèvres. Aussi, lorsqu’Alberto le prend sous sa nageoire, les yeux de Luca s’ouvrent sur tout un monde de possibilités. Personnage introverti, curieux et également rêveur, Luca va ainsi petit à petit prendre confiance en lui et faire de ses rêves une réalité.
Alberto Scorfano est un monstre marin adolescent au caractère indépendant et à l’esprit ouvert, qui s’enthousiasme pour le monde des humains. Expansif et grégaire, il ne pense qu’à s’amuser. Pour lui, inviter un camarade à passer du temps ensemble dans le monde de la surface est une évidence. De plus, Luca est un public idéal pour qu’Alberto puisse dévoiler ses vastes, quoique discutables, connaissances sur tout ce qui est humain. Complétement à l’opposé de son camarade Luca, Alberto est, quant à lui très extraverti, voulant tout contrôler et posséder, quitte à devenir jaloux.
Giulia Marcovaldo est une jeune aventurière charmante et extravertie qui aime les livres et adore apprendre. Comme elle ne vient à Portorosso que l’été, elle n’a pas beaucoup d’amis, ce qui fait d’elle une cible facile pour la petite terreur de la ville. Mais lorsque deux nouveaux venus se présentent et ont manifestement besoin d’aide, Giulia est plus qu’heureuse de leur rendre service, surtout lorsqu’ils acceptent de faire équipe avec elle pour l’aider à gagner la course qu’elle veut désespérément remporter. Pleine d’énergie, Giulia ne manque pas d’audace pour affirmer ses convictions. Elle est tellement passionnée dans sa volonté de découvrir comment le monde fonctionne qu’elle devient très vite un catalyseur pour Luca.
Les personnages secondaires, quant à eux, dans leur traitement trop caricaturaux.
Daniela Paguro, la mère de Luca, adore son fils et est bien décidée à veiller à sa sécurité. Elle avertit régulièrement Luca du danger qui le guette au-delà de la mer, chez les « monstres terrestres ». Daniela n’est pas du genre à se laisser faire : si elle pense que Luca enfreint sa règle numéro un « ne pas s’approcher de la surface », elle fera tout pour l’arrêter.
En français, c’est l’actrice Chiara Mastroianni qui lui prête sa voix. Une prestation convaincante sans être exceptionnelle.
Lorenzo Paguro, le père de Luca, est un homme plein de bonnes intentions mais parfois distrait. Il se passionne pour son hobby, l’élevage de crabes primés.
Enfin, Ercole Visconti, l’antagoniste de l’histoire, est la petite terreur de Portorosso, et il est aussi le champion incontesté de la Coupe de Portorosso, la course qu’il gagne chaque année. Propriétaire d’une Vespa, c’est un crétin vantard méprisant persuadé que tout le monde l’adore et que les gens aiment le regarder manger des sandwichs. Il a deux disciples, Ciccio et Guido, qui l’admirent et le suivent partout, prêts à exécuter ses ordres.
Qui dit « Luca » dit évidemment Italie avec son soleil, ses plages et son ambiance de dolce vita. Si l’action se passe dans le village fictive de Portorosso, elle est en fait inspirée de cinq petites villes appelées Les Cinque Terre se trouvant sur le littoral en Ligurie. Pour se faire, les artistes Pixar se sont donc rendu par deux fois sur la côte italienne, afin de s’imprégner de certaines des caractéristiques qu’Enrico Casarosa espérait insuffler au film. L’équipe a alors traversé de nombreuses villes, vu et senti les textures, la lumière, l’eau, les saveurs, rencontrer les gens de la région (les pêcheurs, les habitants), bref, de quoi leur donné beaucoup de matière avec laquelle réaliser le film. Comme pour « Ratatouille » avec Paris, le résultat est ici impressionnant, offrant un bel hommage à nos voisins transalpins. Tout y est retranscrit avec respect, que ce soit la gastronomie avec les pâtes au pesto, la langue et les expressions (on saluera d’ailleurs le bel effort d’avoir gardé certains mots italiens dans les versions originale et française), mais aussi l’architecture colorée si caractéristique de cette région. Même les monstres marins sont inspirés du folklore local de l’Italie. Bien que l’objectif final ait été de créer un cadre et une atmosphère intemporels, selon le réalisateur le film se situe quelque part entre la fin des années 1950 et le début des années 1960, ce qui lui donne une atmosphère profondément nostalgique, rappelant l’âge d’or italien de ces mêmes années.
De plus, nous n’oublierons pas celle pour qui Luca et Alberto veulent gagner la course : la Vespa, véritable objet du désir pour les deux amis et représentante officielle de liberté.
La musique a quant à elle été composée par Dan Romer, qui signe ici sa première partition pour Pixar. Sa proposition pour « Luca » est simple, rappelant par moment des notes que l’on pourrait facilement retrouver dans un film de Hayao Miyazaki. Si la musique reste discrète, « Luca » est également parsemé de chansons italiennes comme « Il Gatto e la Volpe » de Edoardo Bennato ou encore « Città Vuota » de Mina donnant à l’ensemble un charme certain, typiquement vintage.
Malgré la simplicité de son scénario, « Luca » est une belle histoire intimiste, une ode à l’amitié, qui nous fait voyager dans nos propres souvenirs de vacances. Un petit film sympathique, plein de fraîcheur, parfait pour la saison estivale ! À déguster sans modération, au soleil, les pieds en éventail (et si possible avec une bonne assiette de pâtes au pesto).