WEST SIDE STORY : Notre Avis !
Créée en 1957, WEST SIDE STORY est une œuvre musicale culte façonné par un talentueux trio d’artistes : Leonard Bernstein (musique), Stephen Sondheim (paroles) et Arthur Laurents (livret). Inspiré de la tragédie ROMEO ET JULIETTE de William Shakespeare, WEST SIDE STORY fut présenté à Broadway au Winter Garden Theatre. Très vite, les thèmes abordés et la partition devinrent extrêmement populaires, au point que le spectacle tiendra l’affiche durant 732 représentations avant de partir en tournée. Toujours en 1957, WEST SIDE STORY remporte le Tony Award de la Meilleure Chorégraphie. Le spectacle fera ensuite l’objet de nombreuses reprises et bénéficiera d’un succès international jamais démenti depuis.
En 1961, Robert Wise et Jerome Robbins en signe l’adaptation cinématographique qui remportera dix Oscars (sur onze nominations).
En 2021, c’est au tour de Steven Spielberg, réalisateur de génie, qui, à 74 ans, réalise son rêve de cinéaste : proposer une adaptation personnelle de la comédie musicale la plus célèbre du genre, tout en prenant un risque considérable, celui de le voir comparé à l’œuvre de 1961.
Synopsis :
WEST SIDE STORY raconte l’histoire légendaire d’un amour naissant sur fond de rixes entre bandes rivales dans le New York de 1957.
Le WEST SIDE STORY de Steven Spielberg est donc une réadaptation du film de 1961, mais qui suit plus fidèlement le spectacle proposé en 1957. Cependant, on notera quelques aménagements que le réalisateur s’est autorisé à faire afin de marquer de son empreinte le scénario. Tout d’abord des aménagements de lieux sont réalisés sur certaines chansons comme pour « America » qui se passe ici dans la rue le matin au lieu de se passer le soir sur le toit de l’immeuble d’Anita, ou alors la boutique de mariage où travaillait María et Anita, qui a ici totalement disparue et a laissé place à un grand magasin chic dans lequel Maria travaille en tant que femme de ménage et y chantera la chanson « I Feel Pretty ». Mais le plus gros changement est sans doute le personnage original de Valentina, d’origine portoricaine et veuve du Doc. Celle-ci offrira plus tard dans le long-métrage l’un des moments les plus émouvants en interprétant « Somewhere ».
Ce qui impressionne au premier regard c’est la réalisation sans fausses notes de Steven Spielberg qui adore son sujet. Visuellement incroyable, ce WEST SIDE STORY offre au spectateur un dynamisme saisissant s’immisçant bien plus dans l’action que sa version de 1961. Les cadres sont parfaits grâce au talent du chef monteur Michael Kahn qui n’hésite pas à jouer avec les couleurs aidé par les costumes et les magnifiques décors, ancrant le récit dans les années 50. On retiendra notamment la rencontre entre Tony et María, au milieu d’une foule dansante, un instant suspendu pour le spectateur qui aura qu’une envie : tomber amoureux de la même façon que les deux héros. Une séquence tout simplement magique !
La lumière de Janusz Kamiński avec l’utilisation des ombres est sublime, comme dans la scène se passant dans l’usine de sel où les deux clans, les Jets et les Sharks s’apprêtent à s’affronter.
Même si 60 ans nous séparent de la création de WEST SIDE STORY, cette œuvre sous la direction de Steven Spielberg ne nous aura jamais autant paru contemporaine. En effet, le cinéaste, même si il reste toujours proche du matériel original, a décidé de modifier légèrement le livret afin d’accentuer les nombreux thèmes évoqué que sont l’accueil des immigrés ainsi que le racisme qui en découle. Des thèmes profondément ancrés dans le monde actuel. Cette version 2021, n’hésite pas non plus à traiter du monde en perpétuel changement, en témoigne la séquence d’ouverture qui survole le quartier pauvre en pleine destruction afin d’y construire un nouvel ensemble pour une population plus aisée, et dans lequel vit une jeunesse que l’Amérique a mise de côté. Une jeunesse qui cherche sa place, n’ayant que leur origine et leur couleur de peau à revendiquer, face à une police souvent violente.
WEST SIDE STORY se révèle donc être beaucoup plus réalistes dans les rapports sociaux, ainsi que dans la personnalité des personnages que dans le musical ou dans l’œuvre cinématographique de Robert Wise.
Outre sa mise en scène éblouissante, l’autre grande réussite de ce film est sans conteste son casting talentueux et authentique. En effet, à la différence du long-métrage de 1961 où la plupart des acteurs étaient des caucasiens maquillés, Steven Spielberg a ici fait appel à des acteurs Latino-Américains pour interpréter les Sharks et les personnages portoricains.
Ansel Elgort (DIVERGENTE, NOS ÉTOILES CONTRAIRES, BABY DRIVER) interprète un Tony trés convaincant. Fort d’un passé plus dense dans cette version, la personnalité du personnage se révèle être beaucoup plus torturé. Cachant en lui une violence dont il a conscience mais dont il a peur, Tony finira par lâcher cette violence trop longtemps contenu, au risque de le regretter…
Faisant ses premiers pas à Hollywood, l’actrice Rachel Zegler est lumineuse dans le rôle de María. Tout simplement extraordinaire, elle transperce le spectateur en plein cœur, de par sa voix douce et cristalline. De par sa prestation tout en délicatesse, Rachel Zegler apporte une véritable innocence au personnage, qui, à chacune de ses apparitions brille de mille feux !
Rachel Zegler n’est pas la seule à porter le long-métrage sur ses épaules. En effet, l’actrice Ariana DeBose, de par son dynamisme, impressionne également à chaque fois qu’elle apparaît à l’écran. L’interprète d’Anita est tout simplement incroyable et n’a strictement rien a envié à sa prédécesseur Rita Moreno qui campait le même personnage dans la version de 1961. Femme forte sur tous les plans, Anita est sur tous les fronts : tenter de calmer la violence de son petit ami Bernardo, mais aussi calmer la naïve Maria vis-à-vis de son amour naissant. Malgré toutes ses précautions, et son optimisme à toute épreuve, le drame sera inévitable.
Ce nouveau WEST SIDE STORY, est également l’occasion de revoir l’actrice Rita Moreno dans le rôle d’un nouveau personnage du nom de Valentina, la veuve de Doc, le pharmacien du quartier de Upper West Side, personnage du spectacle et du long-métrage de 1961. Plus touchante que le personnage original, Valentina, chante avec une émotion palpable la chanson « Somewhere ». Ce titre, interprété en 1961 par María et Tony, sonne ici de façon beaucoup plus juste et universelle.
En ce qui concerne le reste du casting, les personnages secondaires sont tout aussi intéressants comme Bernardo, le frère de María, interprété par David Alvarez. Personnage autoritaire, fier et empli de préjugés envers son pays d’adoption, ce Bernardo se voit est également doté d’une personnalité beaucoup plus approfondi, permettant au public de comprendre ses actions, et, par la même occasion de s’attacher à lui.
Mike Faist est Riff, le leader des Jets, qui bénéficie lui aussi d’une personnalité bien plus détaillée le rendant plus dur mais également plus fragile du fait de son manque de confiance en lui. Son but de contrôler l’Upper West Side, pour lequel il ne recule devant rien, le mènera vers une violence dont il ne mesurera pas les conséquences.
Si Steven Spielberg a apporté quelques modification ici ou là à l’œuvre mondialement connu, il n’a en revanche rien touché au travail de Stephen Sondheim et Leonard Bernstein. Les chansons, ainsi que les musiques sont donc toutes présentes dans ce long-métrage et sont magnifiquement orchestrées par Gustavo Dudamel accompagné par le New York Philharmonic et le Los Angeles Philharmonic.
En revanche, si ces deux éléments ne changent pas, la chorégraphie s’éloigne de celle créée par Jerome Robbins. En effet, c’est Justin Peck qui a été appelé par Steven Spielberg dans le but de proposer quelque chose de nouveau. Le résultat s’avère être à la hauteur puisque ces nouvelles danses sont tout simplement incroyables. Mention spéciale pour le tableau « America » beaucoup plus dynamique et colorée que l’original du fait que celle-ci se passe dans la rue. On retiendra également la toute aussi rythmée et magnifique scène du bal avec la chanson « The Dance at the Gym » ou encore la séquence « Gee, Officer Krupke » qui apporte l’humour qu’il faut au long-métrage. Ces nouvelles chorégraphies apportent vraiment un plus à l’œuvre déjà magnifique certes, mais manquait peut-être un peu de rythme.
WEST SIDE STORY version Steven Spielberg est un grand film, une sublime réadaptation du spectacle de Broadway qui arrive même, et sans difficultés à détrôner le film de 1961.
Son casting, ses chansons et ses musiques inoubliables, ses thèmes intemporels et le soin porté à sa réalisation, font déjà de ce film, un incontournable du 7ème art ! Une véritable leçon de cinéma comme Spielberg sait si bien le faire ! À voir et à revoir sans modération !